2009 | Colloques de l’IPAC

Colloque international

Capitales et patrimoines

5, 6 et 7 novembre 2009 – Université Laval
Sous la direction de Habib Saidi et Sylvie Sagnes

Quelle que soit leur échelle, les territoires usent et abusent de la mémoire, de la tradition, de l’histoire pour affirmer leur spécificité, dire leur identité. Cette réalité touche le patrimoine sous toutes ses formes, matérielles ou immatérielles. Plus que jamais partie prenante de la dynamique de reterritorialisation, le patrimoine s’impose comme référence et socle d’identification pour un pays, un département, une région, une ville, un village. C’est dans l’élan de ce mouvement que s’inscrit la réflexion proposée par l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval, le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions et le Laboratoire d’Anthropologie et d’Histoire sur l’Institution de la Culture, Équipe du IIAC-CNRS-EHESS (Paris) à l’occasion du colloque qui se tiendra à Québec en novembre 2009.

Ce colloque se donne pour cadre et pour objet les capitales, lieux d’enquêtes et complexes objets de réflexion. Les capitales ne se pensent pas simplement pour elles-mêmes mais aussi dans leurs relations avec un ou des territoires (régions, provinces, États-nations, confédérations, unions, le monde). Les relations de domination, de soumission ou de concurrence dont la diversité, voire la superposition, amène à considérer la capitale autrement que comme une simple réalité urbaine contemporaine. Dans ce contexte, la question du patrimoine, sa sélection, sa conservation, son instrumentalisation, le capital symbolique qu’il représente, revêtent un relief singulier, encourageant aussi bien la comparaison à l’échelle des cinq continents que la multidisciplinarité.

Aux côtés des ethnologues à l’initiative de la rencontre, les sociologues, archéologues, géographes, et urbanistes qui se retrouveront à Québec tenteront d’expliciter les rapports que nouent les capitales avec leur patrimoine et d’en saisir le sens. Il s’agira donc de conjuguer les approches disciplinaires pour comprendre comment le patrimoine contribue à élever la ville à la dignité de capitale et participe de cette identité de « première », aussi riche que fluctuante.

Thèmes du colloques

1. Le temps des capitales : entre passé et futur

La première contradiction qui s’impose est celle du double élan de ces villes premières vers le passé et le futur. En effet, toute grande ville valorise intensément les traces de son passé et de sa continuité dans le temps ; mais, par ailleurs, elle est le théâtre d’une densification de l’occupation et d’une spéculation foncière qui conduisent à un renchérissement continu de l’espace. Ce paradoxe central en génère un autre qui porte sur le traitement urbain des traces du passé. La capitale est toujours écartelée entre le souci d’exposer son histoire et celui de s’inscrire audacieusement dans le futur, entre la fixation muséale et le renouvellement permanent.

2. Capitales d’un temps, patrimoine de toujours

À songer à de grandes capitales, comme Rome, Athènes, le Caire ou Paris, l’on en viendrait à oublier que la qualité de « première » peut aussi s’avérer provisoire, articulée à des temporalités variables : plusieurs siècles, quelques années, quelques mois. Le statut de capitale, politique ou autre, n’est pas toujours et partout acquis une fois pour toutes. Comme il se gagne, il se perd. Quand une capitale déchue (Lyon, Vichy, Bonn) fait place à la ville, de quel sens investit-on alors son patrimoine ? Sa valorisation n’est-elle que nostalgie ? A l’inverse, son occultation n’est-elle que le déni d’une histoire honteuse ou douloureuse ? Et dans les capitales nouvellement élues, quelle place accordent-on au patrimoine ?

3. Entre particulier et universel

Les capitales semblent disposées à l’universalité. Le patrimoine se prête particulièrement à ce type de rehaussement, non seulement à l’échelle du temps, mais aussi dans la hiérarchie de l’espace. Consacrée par le titre de « ville du patrimoine mondial » (Tunis, Alger, Le Caire, Mexico, Québec), cette identité se forge et se renforce dans l’imaginaire touristique. Projective, l’identité de capitale ainsi forgée n’est pas pour autant passe-partout ou interchangeable. Auto-représentationnelle, elle met à profit l’audience globale pour éprouver sa spécificité et s’affirmer.

4. La bataille du patrimoine

Cette tension entre particularisme et universalité peut être regardée comme la conséquence du caractère de relativité de l’ « être capitale », ou plutôt comme l’une des conséquences, dans la mesure où elle en admet d’autres. Le rêve d’une primauté absolue, rêve accessible pour celles qui se voient consacrées, à un titre ou un autre, « capitales mondiales », n’empêche pas en effet la capitale de revendiquer et d’asseoir, à des échelles intermédiaires de territoires (nation, fédération), sa qualité de première. Partie prenante de cette autre manière d’exhaussement, le patrimoine local est alors appelé à prendre valeur nationale.

5. Entre pluriel et singulier

Sans doute parce que premières au sein d’espaces plus flous et intangibles que ne l’est la nation, parce que portées par d’autres intérêts que politiques, certaines capitales paraissent quant à elles plus déterminées à admettre et à promouvoir l’hétérogénéité de leur passé : Tunis se veut ainsi tout à la fois punique, romaine, arabo-islamique et franco-européenne et Montréal reconnaît aussi bien ses héritages amérindien, français, anglais, écossais, irlandais, chinois, italien, grec, etc. L’on s’emploiera, au cours de cette rencontre, à repérer les accents de cette rhétorique patrimoniale de la diversité et à saisir ce qu’elle cherche à exprimer : relève-t-elle seulement d’une approche décrispée et apaisée de l’identité, favorisant l’expression de toutes les différences et leur reconnaissance ?

Fondamentalement comparatiste, ce colloque international accordera néanmoins une attention particulière à la ville de Québec, qui, au cours de l’année 2008, a formé l’observatoire rêvé des enjeux patrimoniaux étudiés. Occupée à fêter le quatre-centième anniversaire de sa fondation, la capitale politique du Québec nous offre l’opportunité d’allers-retours constants entre la réflexion engagée et l’actualité patrimoniale la plus brûlante.


Histoire de la science et de la technologie au Canada

Pour la première fois de son histoire, c’est dans la ville de Québec que l’Association pour l’histoire de la science et de la technologie au Canada tiendra, du 25 au 27 septembre 2009, son XVIe colloque biennal, organisé conjointement par l’Institut du patrimoine culturel et par le Département de génie des mines, de la métallurgie et des matériaux, tous deux de l’Université Laval.

Le comité scientifique appelle à la présentation des travaux de recherche sur les sujets portant sur le thème général de l’histoire des sciences, de la technologie et de la médecine au Canada, de même que sur les problématiques plus spécifiques liées aux aspects scientifiques et technologiques de l’histoire de l’environnement au Canada.

Fondée en 1852, l’Université Laval est l’héritière du Séminaire de Québec institué en 1663 par le premier évêque de Nouvelle-France, François de Laval. Nous souhaitons que cet ancrage historique suscite la présentation de communications traitant de l’enseignement des sciences, du rôle des écoles techniques dans le développement social, de l’histoire de l’industrie et du génie.

Le comité favorise une approche multidisciplinaire permettant d’aborder la biographie et l’histoire institutionnelle mais aussi, plus largement, des sujets tels la femme et la science, la société canadienne préindustrielle, la science et l’État, la science et l’industrie, entre autres.

Enfin, le comité encourage la proposition de sessions organisées regroupant les communications autour d’un thème commun. Le cas échéant, ces propositions de sessions devront comprendre la description du thème et son articulation (maximum 300 mots). Les présentations peuvent également se faire par affiches, lesquelles seront exposée pendant toute la durée du colloque.


 

Table ronde – Le patrimoine culturel immatériel : enjeux et perspectives d’avenir

Le 26 mars 2009, de 10h00 à 11h30
Salle du Conseil de la Faculté des lettres
Local 3244, pavillon Charles-de Koninck

Dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie et du Printemps des lettres de l’Université Laval, sur le thème « Le patrimoine culturel immatériel : enjeux et perspectives d’avenir », réunissant Mathias Bizimana, chargé de programme de la Commission canadienne pour l’UNESCO, Ndèye Marie Fall, du Collectif des femmes pour la promotion du patrimoine immatériel en Francophonie, Habib Saïdi, professeur d’ethnologie, Université Laval, et Laurier Turgeon, directeur de l’Institut du Patrimoine Immatériel, Université Laval.

Les sous-thèmes suivants seront abordés :
  • Convention 2003 de l’Unesco sur la Sauvegarde du patrimoine culturel oral et immatériel
    Mathias Bizimana, chargé de programme de la Commission canadienne pour l’UNESCO
  • Patrimoine culturel oral et immatériel en Afrique : rôle de la femme et des aînés
    Ndèye Marie Fall, Collectif des femmes pour la promotion du patrimoine immatériel en Francophonie
  • Patrimoine culturel immatériel dans le monde arabe et méditerranéen
    Habib Saïdi, professeur d’ethnologie, Université Laval
  • Les avancées du patrimoine culturel immatériel au Canada et au Québec
    Laurier Turgeon, Directeur de l’Institut du Patrimoine Immatériel, Université Laval

La table ronde accompagne l’exposition « Les Chefs d’oeuvre du Patrimoine oral et immatériel des pays de la Francophonie inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco » qui se tiendra dans le Hall Émile-Nelligan du pavillon Charles-de Koninck du 20 au 26 mars 2009.

Retour à la liste des colloques >