2006 | Colloque de l’IPAC

La gestion intégrée de l’eau dans l’histoire environnementale : savoirs traditionnels et pratiques modernes

Du 27 au 29 octobre 2006, Université Laval
Sous la direction d’Ella Hermon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en interactions société-environnement naturel dans l’Empire romain
Sous le haut patronage du Consortium interuniversitaire « Gérard Boulvert », Naples, Italie et avec l’appui de la Commission canadienne de l’UNESCO
Programme >

Ce colloque inscrit la gestion de l’eau dans le champ d’étude du patrimoine culturel. L’ampleur de sa perspective historique – de l’Antiquité à nos jours – et sa dimension spatiale – de la Méditerranée à l’Amérique du Nord – offrent à l’enquête une grande diversité de cas et de modèles qui peuvent montrer comment les générations précédentes ont envisagé la gestion de cette ressource naturelle indispensable à l’existence et au développement des sociétés. Il contribue ainsi à l’évaluation de la pertinence de certains éléments de cet héritage culturel pour les pratiques modernes de la gestion de cette ressource dans des conditions de plus en plus dramatiques de pénurie et de dégradation environnementale. Deux concepts interliés ont guidé les analyses : la gestion intégrée et les savoirs traditionnels perçus sous l’angle des interactions société-environnement et dans une dialectique propre aux études patrimoniales qui mettent de l’avant la mémoire orale et écrite, les traces tangibles et intangibles des savoirs traditionnels pour appréhender, dans ce cas, les diverses formes de la gestion des ressources en eau en fonction des conditions environnementales et sociétales. Cette approche d’analyse, qui ne fait pas encore consensus dans tous les milieux impliqués dans la gestion de l’eau, s’avère cependant fructueuse pour dégager les éléments d’une culture commune de l’eau dont certains restent inscrits dans la mémoire collective à travers le temps et l’espace : représentations et attitudes, politiques économiques et normatives, technologie, objets et vestiges, dont plusieurs qui dominent encore le paysage sont des patrimoines tangibles et intangibles encore utiles pour gérer le quotidien, les conflits d’usage de cette ressource naturelle ainsi que le risque environnemental. Ce sont aussi des enseignements à léguer aux générations futures.

En choisissant comme problématique la connaissance des savoirs traditionnels dans la gestion de l’eau, ce colloque cible la connaissance des processus historiques de conservation de l’eau comme un patrimoine naturel et culturel ainsi que les conditions de transférabilité de ces savoirs dans les pratiques modernes. L’Empire romain est considéré comme paradigme interprétatif et ses savoirs sont transmis par toute une tradition écrite, ainsi que par les vestiges archéologiques. Parallèlement, la situation mondiale fait de la gestion de l’eau une problématique contemporaine d’une grande acuité, au sein de laquelle s’impose la question suivante : l’eau est-elle res publica ou res privata ? On peut en effet se demander aujourd’hui si l’eau est une marchandise privée ou un bien public, alors que dans la tradition du droit romain la nature publique des cours d’eau importants est une donnée de base de l’ordre social et notamment pour la gestion de leurs crues. Dans le paysage culturel qui est celui de l’Empire romain, l’eau – une res publica – subit les aléas de l’évolution d’une société libérale et d’un ordre social en mutation. Nous avons ainsi un exemple de la combinaison de gestion publique de l’eau qui n’est pas seulement étatique, mais aussi communautaire, sans exclure l’engagement personnel et la diversité.

Le colloque réunissait une centaine de professeurs et chercheurs – historiens, géographes, architectes, archéologues, ethnologues, juristes, gestionnaires – en provenance de 12 pays, s’intéressant à la problématique de l’eau, tant historique que contemporaine.


Le patrimoine des minorités religieuses : richesse et vulnérabilité

Sous la direction de Marc Pelchat et Marie-Claude Rocher
ACFAS, Université McGill, du 15 au 19 mai 2006

Ce colloque portait sur le patrimoine des minorités religieuses au Québec. Tour à tour tolérées, interdites, marginalisées ou acceptées, ces communautés ont marqué l’espace, la mémoire et la société de façons diverses. L’ensemble de ces traces, complexe et hétérogène, constitue un patrimoine unique mais d’autant plus fragile qu’il est souvent de nature immatérielle. Il s’agit de manifestations éparses, difficiles à identifier et à documenter et, a fortiori, à conserver. Si certains corpus ont fait l’objet d’efforts de conservation de la part des communautés, la majorité des ensembles patrimoniaux sont dans un état de dégradation avancée. L’ensemble des éléments patrimoniaux est donc difficile d’accès et bien qu’irremplaçable pour la recherche comme pour la mémoire, il est engagé dans un processus de désintégration. Or, aucune mesure actuelle ne permet de l’identifier, de l’étudier ou de le protéger.

Pour freiner la dégradation de ces patrimoines minoritaires, des actions sur deux échelles différentes sont possibles. D’une part, les interventions « lourdes », qui concernent surtout le patrimoine architectural et doivent s’inscrire dans une gestion cohérente à moyen et à long terme ; d’autre part, les interventions à plus petite échelle, telles la « micro-conservation » et la « conservation virtuelle ». Or, avec l’importance croissante des technologies de l’information s’ouvrent les possibilités de l’archivage électronique, qui peut offrir un support alternatif permettant de préserver ce qu’il reste d’un patrimoine en voie d’extinction et de le rendre disponible pour la recherche et présent dans la mémoire.

Une table ronde abordait le thème de « La mémoire amnésique : le cas de Charles Chiniquy », mettant en présence les historiens Jacques Lacoursière et André Ségal, et le dramaturge Romain Dubé. Dans le hall central du pavillon Birks, une centaine d’objets et documents réunis dans l’exposition « INCOGNITO : Vitrine sur des patrimoines religieux différents » présentaient ce patrimoine et la section « Rencontres » permettait d’écouter des récits de vies de témoins âgés. Parallèlement, un accrochage de 15 oeuvres d’André Biéler, peintre franco-protestant, avait lieu au Musée McCord, accompagné d’une projection du documentaire biographique « Les couleurs du sang » commenté par son réalisateur, Philippe Baylaucq.


Le patrimoine immatériel : théories, politiques et pratiques

Les 5 et 6 mai 2006, Harvard University, Boston
Sous la direction de Laurier Turgeon
Programme >

Le Weatherhead Center for International Affairs de l’université Harvard comporte une chaire spécialisée en études canadiennes qui offre chaque année un séminaire dont la direction est attribuée par concours à un professeur-chercheur du Canada. Voici la mission de ce séminaire, telle que décrite par le Weatherhead Center.

The Canada Seminar examines Canadian economic, social, cultural, and political issues in their domestic and international dimensions. Presentations are made by public figures, scholars, artists, and experts in various fields. The Canada Seminar provides Harvard faculty and students, and the broader community, a look at Canadian scholarly and public life; it seeks to enhance the understanding of the United States’ closest ally and largest trading partner; and it provides a forum for the lively exchange of ideas on a wide range of issues. Because Canada and the United States, like many other industrialized countries, must respond to similar economic and social challenges with distinctly difference institutional frameworks and historical legacies, the study of Canadian issues offers rich opportunities for scholars engaged in comparative studies. The chair of the seminar each year is the William Lyon Mackenzie King Visiting Professor of Canadian Studies.

Laurier Turgeon fut nommé titulaire de cette Chaire pendant les sessions d’hiver et d’été 2006 et l’Institut a collaboré à la réalisation du séminaire portant sur les enjeux politiques et sociaux du patrimoine immatériel.


2e Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine

Université Laval, 1er et 2 décembre 2006
Supervision scientifique : Laurier Turgeon et Luc Noppen
Coordination : Marie-Blanche Fourcade
Programme >

La deuxième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine , issue de la collaboration entre l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval et l’Institut du patrimoine de l’université du Québec à Montréal, ont eu lieu à Québec et pour donner une nouvelle fois la parole aux jeunes chercheurs.

La problématique choisi était celle des relations entre le matériel et l’immatériel. Il importe en effet de revisiter les liens unissant ces deux grandes catégories du patrimoine qui ont trop souvent été marquées par une forte dualité. L’adoption par l’UNESCO en 2003 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel n’a fait qu’amplifier cette polarisation. L’expression de pratiques immatérielles peut-elle s’envisager sans la présence de supports matériels ? Inversement, le cadre bâti ancien ne devient-il pas inintelligible sans les récits, les rites et la mémoire qui lui donne sens ? Laissant de côté l’analyse de ces patrimoines dans leur solitude, le colloque a exploré l’écheveau des relations, réelles et symboliques, conscientes ou inconscientes, entre le matériel et l’immatériel. Il faut ainsi s’intéresser à la manière dont les valeurs et les pratiques de l’un s’incarnent dans la matérialité de l’autre et, inversement, à la façon dont les objets témoignent et accompagnent l’immatérialité.

Quatre axes de réflexions ont articulé le débat : l’objet, le sens, les pratiques et les enjeux. La « quête d’objets » a proposé, de mettre en lumière les nouveaux éléments ou ensembles patrimoniaux, matériels et immatériels, qui intéressent les jeunes chercheurs. Le premier axe donnait l’occasion de saisir l’élargissement du champ d’étude et les bouleversements qu’ils engendrent. La « recherche de sens » examinait la construction et l’investissement de sens dont les divers patrimoines font l’objet. Le deuxième axe a permis de s’intéresser aux relations et aux représentations entretenues par les individus avec les objets, les lieux, les monuments, les manifestations culturelles, traditionnelles et populaires. Si l’investissement de sens fut longtemps l’apanage de l’État, des groupes de citoyens, des communautés culturelles ou des familles s’approprient désormais des patrimoines et se reconnaissent à travers eux. L’« étude des pratiques » a jeté un regard sur l’ensemble des gestes posés par, avec et sur le patrimoine. Le troisième axe considérait tant les usages que les modalités de mise en valeur et de transmission. L’« analyse des enjeux » a abordé le patrimoine à travers la finalité et les objectifs de sa protection, que ce soit en termes de politique, de mémoire ou d’identité. Le quatrième axe devait mesurer les défis à envisager pour l’avenir.

Retour à la liste des colloques >