CHANTIERS DE L’INSTITUT

Les « Chantiers de l’Institut » concentrent et regroupent des activités complémentaires sous un thème commun, ce qui permet aux chercheurs et aux spécialistes d’enrichir leurs échanges dans un champ d’action précis. Il s’agit de zones d’expertise développées par l’Institut qui dynamisent la recherche de façon concrète par l’intensification des activités scientifiques, la production d’outils méthodologiques adaptés, l’exploration de nouvelles instrumentations technologiques, l’extension de réseaux pertinents et la recherche constante de partenariats à établir et de ressources à mobiliser.

Les chantiers de l’IPAC ciblent des domaines important du patrimoine où la mission de l’Institut et les travaux des membres s’articulent à long terme, compte tenu de l’importance du sujet dans la société ou de la profondeur des travaux menés. En raison de leur pertinence et de leur émergence dans la vie médiatique et culturelle québécoise, le patrimoine immatériel en général et le patrimoine religieux, par ses aspects financiers et sociaux, constituent des chantiers de premier ordre pour l’Institut. L’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française occupe maintenant une position dominante en matière de diffusion, grâce au nombre considérable d’articles proposés et à sa présentation stimulante autant pour le chercheur que pour le grand public.

A / Le patrimoine religieux

Le patrimoine religieux est le patrimoine le plus ancien et le plus riche du Québec, particulièrement pour les francophones catholiques qui constituent 85% de la population. Quelque 2 800 lieux de culte de toutes traditions meublent le territoire du Québec et 40% d’entre eux possèdent une forte valeur patrimoniale remontant parfois à l’époque coloniale française ou anglaise. Ces pôles religieux renferment souvent de remarquables réalisations architecturales et artistiques ainsi que des fonds d’archives importants. Ils sont détenteurs d’un ensemble diversifié d’expressions traditionnelles, de symboles et de savoir-faire qui sont intrinsèquement liés au développement de la société québécoise et à la transmission de sa culture.

Or, cette transmission du sens est menacée par la tendance lourde de laïcisation et de déconfessionnalisation qui s’impose de façon croissante dans la société actuelle et qui provoque parfois une perte de sens.

De la même manière, un espace de contact n’est pas un simple lieu de croisements et de rencontres heureuses, mais un champ de tension où des stratégies et des forces s’affrontent autour d’une frontière physique ou symbolique. C’est donc un espace relationnel qui met en oeuvre des négociations, des stratégies d’appropriation et des postures de résistance. Par les échanges et les mélanges qu’il engendre, l’espace de contact devient « un entre-lieu » de la culture, « un espace métissé » ouvert et novateur où apparaissent de nouvelles formes.

B / L’encyclopédie du patrimoine culturel d’Amérique Française

L’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française est un ouvrage d’envergure proposé par la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs afin de souligner les 400 ans de présence française en Amérique du Nord (1608-2008). Sous la codirection de Laurier Turgeon et d’Yves Bergeron, le projet a pour but d’étudier les principaux biens patrimoniaux de l’Amérique française pour en présenter les dynamiques de constructions diversifiées.

Le patrimoine culturel est appréhendé dans une définition large : si les sites naturels, les paysages, l’architecture, les objets d’art et le mobilier ancien trouvent leur juste place dans cette encyclopédie, une attention spéciale est accordée aux formes immatérielles du patrimoine, qu’il s’agisse de traditions orales, de fêtes et de chansons, d’événements commémoratifs, de savoirs, de savoir-faire, en accord avec la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l’UNESCO en 2006.

L’Encyclopédie présente aussi un point de vue novateur sur le patrimoine. Il met l’accent sur le mouvement et les mutations plutôt que sur la fixité, en s’attardant de façon particulière sur les parcours de construction des biens patrimoniaux marqués par les transformations et par de fréquents emprunts à d’autres cultures. Ce point de vue est très pertinent dans le cas des francophones d’Amérique qui ont été successivement en contact avec les cultures autochtones, britanniques et américaines, qui ont toutes influencé leurs façons d’être sur ce continent.

Thématique pour faciliter son utilisation, l’Encyclopédie reprend les trois grandes catégories du patrimoine définies par l’UNESCO, soit les patrimoines naturel (paysager), matériel (bâti) et immatériel (ethnologique). La sélection d’environ 500 sujets traités dans le détail repose sur la valeur d’usage sociale, c’est-à-dire sur l’attachement des communautés aux éléments marquants de leur patrimoine. Cette démarche s’appuie sur une présentation multimédia vivante et dynamique des articles, comprenant des documents textuels, iconographiques, sonores et audio-visuels.

D’une portée internationale dans le choix de ses sujets comme de ses collaborateurs (Canadiens, Québécois, Américains et Français), l’Encyclopédie se veut une référence de premier plan en matière de patrimoine de l’Amérique française. Par sa présentation complète et rigoureuse, attrayante et novatrice, elle est à la fois un outil de recherche apprécié des spécialistes et un ouvrage agréable à consulter pour le grand public. La réalisation du corpus initial de l’Encyclopédie s’est étalée sur huit années, soit de 2006 à 2013, suivie depuis par l’ajout de nouveaux articles. L’ensemble du projet est coordonné par Martin Fournier.

C / Le patrimoine immatériel

L’immatériel est ce qui donne tout son sens au patrimoine matériel, permet de le comprendre, de le définir, de l’animer et de l’actualiser. L’élargissement de la notion de patrimoine a conduit à prendre conscience de la place qu’occupe l’immatériel dans la recherche comme dans les pratiques de conservation et de transmission, qui se situent souvent dans une relation dialectique entre le matériel et l’immatériel. Plutôt que de séparer le matériel et l’immatériel et de les mettre en opposition, l’Institut encourage la recherche sur l’étroite interaction entre les diverses formes de l’intangible et du matériel : sites, paysages, bâtiments, objets, documents, mais aussi traditions, savoir-faire, rites, récits, légendes, expressions festives, croyances, représentations, dont la valeur est plus affective et mémorielle que matérielle.

Ce « petit patrimoine », souvent largement négligé, retient de plus en plus l’attention des pays de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie, qui possèdent peu de grands ensembles architecturaux et d’imposantes collections d’oeuvres d’art, mais de riches traditions ethnologiques. La reconnaissance de ce patrimoine a pris récemment une tournure décisive par l’adoption de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel par l’UNESCO en 2006. Outil de protection contre l’homogénéisation des cultures, le patrimoine immatériel souligne la diversité culturelle tant dans sa transmission et sa transformation permanente que par son pouvoir de revitalisation des communautés.

Dans ce domaine, les projets des membres de l’Institut se situent à la fine pointe de la recherche, explorant, par exemple, les nouveaux croisements disciplinaires nécessaires pour répondre aux exigences de la mondialisation, ou encore, le développement d’outils méthodologiques intégrant les technologies de l’information et de la communication.