2019 | ÉCOLE D’ÉTÉ

École d’été internationale 2019 de l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval
Patrimoine partagé entre Espagne et Maroc : du tourisme transnational à la diplomatie culturelle
Du 3 au 15 juin 2019
Universidad Pablo de Olavide (Séville, Espagne) et Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (Fès, Maroc).

S’inscrire au cours « Tourisme et patrimoine »
ETN-3001 (1er cycle) et ETN-7018 (2e et 3e cycle)

En partenariat avec :
L’Universidad Pablo de Olavide (Séville, Espagne).
L’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah (Fès, Maroc).
La Faculté des lettres et des sciences humaines, Université Laval.
Le Département des sciences historiques, Université Laval.

 Professeur responsable : Habib Saidi, directeur de l’IPAC (Habib.saidi@hst.ulaval.ca)

Contenu
L’École d’été de l’IPAC poursuit son exploration de nouvelles thématiques d’étude et de nouveaux terrains d’investigation. En plus de l’Espagne, où l’école d’été a séjourné ces quatre dernières années, l’édition de l’année 2019 se rendra jusqu’au au Maroc, et prendra la forme d’une caravane académique qui, partant de Québec, passera par Séville et Cordoue en Andalousie et se terminera dans la ville marocaine de Fès. Cet itinéraire, qui traverse au passage d’autres villes et régions au nord et au sud de la Méditerranée, s’est imposé par la diversité et la richesse historique de cette partie du monde, notamment en matière de transferts culturels, de dialogue entre les civilisations, d’emprunts et d’échanges entre l’Orient et l’Occident et, plus récemment, de tourisme transnational et de mobilité transfrontalière. Ces thèmes seront au cœur de cette 9e édition de l’École d’été de l’IPAC. Nous prendrons alors appui sur le concept de « patrimoine partagé », soit un patrimoine considéré en tant que fruit d’un processus ponctué de dialogues, de tensions, de négociations et d’emprunts réciproques entre des peuples ayant en partage un héritage commun sans pour autant vivre sur le même territoire national, ni parler une langue commune.

Le partage est à comprendre ici dans le sens d’une valeur universelle qui constitue l’essence même du patrimoine en tant que dynamique de possession mutuelle d’un héritage à partager réellement ou symboliquement entre les membres d’une famille, d’une communauté, d’un pays ou d’une région du monde. Rappelons en ce sens que dans les espaces géoculturels marqués par la succession de plusieurs civilisations, comme dans le cas de l’espace méditerranéen, le patrimoine est, d’une manière ou d’une autre, le produit de trajectoires plurielles de « patrimonialisation partagée » (Aria et Favole 2011). Celles-ci résultent de transferts interculturels d’objets, de croyances, de traditions, de savoirs et de modes de vie en fonction desquels des peuples ayant vécu dans le cadre de ces civilisations ont participé à la formation d’un patrimoine qui, bon gré mal gré, les représente dans leur totalité tout en étant marqué par la contribution de chacun. La diète méditerranéenne est l’un des exemples emblématiques de ce patrimoine. Il en est de même de certains rituels et fêtes entourant les cérémonies de mariage, de naissance ou de décès. Certains lieux de culte tels que les sanctuaires ou les mausolées de saints sont également visités par les adeptes des trois religions monothéistes, sans oublier bien sûr les mosquées converties en églises et les églises transformées en mosquées qui, dans les deux cas, font en sorte que des fidèles de croyances différentes partagent le même esprit des lieux.

Outre ses origines et le socle historique sur lequel il repose, le patrimoine se partage également par le biais des actions et des transactions qui président à sa médiation et à sa diffusion, notamment dans les contextes de mobilité et de rencontres interculturelles marqués par la croissance des flux touristiques et migratoires. Que ce soit dans l’espace méditerranéen ou ailleurs, le tourisme et la migration constituent de nouvelles occasions de partage qui favorisent la recomposition du patrimoine sous forme de nouvelles identités transnationales et transculturelles, lesquelles s’ajoutent à ses identités de provenance. En ce sens, un patrimoine partagé est par définition recomposé dans la mesure où il réunit, un peu comme dans le cas de familles recomposées, des membres de parentés culturelles différentes. Ce faisant, il incarne des identités plurielles et mouvantes, tout en contribuant à la consolidation des liens sociaux, au rapprochement entre les peuples et à la diversification des expressions culturelles à l’échelle du monde.

Dans cet ordre d’idée, nous envisageons le patrimoine partagé en tant que pont qui permet de passer d’une rive culturelle à une autre. En d’autres termes, nous l’étudions, dans le cadre de cette école d’été, selon une approche de « diplomatie culturelle » (Winter 2015) qui vise la « fédération des peuples » autour des savoirs et des valeurs humaines communes (Serres 1990) en favorisant la coopération, la solidarité et le vivre-ensemble entre les cultures dont il constitue le creuset. Pour ce faire, nous prenons pour objet d’étude le patrimoine andalou tel que représenté, revendiqué, interprété, recomposé et partagé de chaque côté de la Méditerranée, en l’occurrence, entre l’Espagne et le Maroc. Notre terrain d’étude sera réparti entre Séville, Cordoue et Fès en tant que capitales patrimoniales marquées par une forte présence de l’héritage andalou et mauresque à travers toutes ses facettes matérielles, immatérielles, culturelles et naturelles. Sans pour autant idéaliser cet héritage en le dépeignant sous les traits d’un âge d’or célébré à tort ou à raison, nous postulons que le legs andalou constitue une source exemplaire d’inspiration pour faire du patrimoine un idéaltype d’harmonie et de vivre-ensemble. Non seulement parce qu’il permet à des communautés culturelles avec des référents différents de réclamer leur appartenance à un temps fondateur commun, mais aussi parce qu’il porte en lui les ingrédients constitutifs d’un univers fédérateur « de sens et de sensations » (Braudel 1997), lequel invite ces communautés à redéfinir leur rapport au passé et au monde en fonction de ce qui les rapproche et les relie. Cela est d’autant plus significatif que l’histoire d’Al-Andalous, quoi qu’il en soit des lectures, des critiques et des mythes dont elle fait l’objet, demeure pourvoyeuse d’idéaux universels de tolérance, de dialogue entre les civilisations et de fraternité entre les peuples. En témoigne la grande influence qu’elle a eue sur l’histoire de la Méditerranée, voire du monde, en laissant libre court à la pensée de grands philosophes tels que Averroès, Maimonide et Saint Thomas d’Aquin.

Comme à chaque année, l’objectif principal de l’École d’été de l’IPAC est de doter les étudiants de connaissances théoriques et pratiques susceptibles de leur permettre d’agir à titre d’experts internationaux qui pourront contribuer à la résolution de problèmes complexes et d’actualité. Les thématiques à étudier lors de cette édition sont d’autant plus pertinentes qu’elles permettront un retour réflexif sur la situation à Québec ou dans d’autres villes québécoises, notamment en ce qui concerne l’usage du patrimoine en tant qu’espace d’intégration et de cohésion sociale entre les communautés culturelles.

Objectifs
À la fin du cours, les participant (e) s seront en mesure de :

  1. Évaluer l’importance du tourisme et du patrimoine à l’échelle locale et globale.
  2. Comprendre et analyser les interactions du couple tourisme/patrimoine à la lumière des
    changements qui façonnent le monde.
  3. Réfléchir aux problèmes liés aux phénomènes de patrimonialisation et de touristification.

Explorer de nouveaux terrains et porter un regard critique sur les enjeux du patrimoine mondial
en étudiant l’un des sites des plus célèbres du patrimoine de l’humanité.

Fonctionnement
L’école d’été consiste en un cours intensif de 3 crédits et 45 heures réparties sur 13 jours du lundi 3 au samedi 15 juin 2019, et précédé par des séances de préparation à l’Université Laval (les dates de ces séances seront annoncées ultérieurement). Il est destiné aux étudiants des 1er, 2e et 3e cycles universitaires. Il est aussi possible de s’inscrire à titre de stagiaire étudiant (étudiant québécois non inscrit à des crédits ou étudiant étranger) ou stagiaire professionnel. Le cours est donc ouvert aux professionnels des musées et du secteur patrimonial venant du Canada et de l’étranger.
L’école d’été comprend deux volets. Le premier est théorique et sera animé par le professeur du cours, avec la participation de conférenciers réputés en provenance du Québec, du Canada, de l’Espagne, du Maroc et d’autres pays du monde. Le deuxième est pratique et amènera les étudiants à réaliser des études de terrain en partenariat avec les milieux universitaire et patrimonial de la région.

Le professeur met à la disposition des participants, bien avant le début du cours, un corpus de lectures obligatoires portant sur les thèmes qui seront abordés en classe. Les ateliers et les travaux de terrain seront réalisés par des équipes de 2 à 4 personnes, lesquelles seront supervisées par le professeur responsable.

Évaluation
Les étudiants inscrits au cours pour les crédits seront évalués. L’évaluation portera sur la participation aux ateliers, les travaux de terrain, la présentation d’une recherche avec bilan critique. Les étudiants de 2e et de 3e cycle seront évalués suivant des exigences spécifiques. Les stagiaires étudiants et professionnels qui ne souhaitent pas être évalués n’auront pas à remettre ce travail écrit.

Tarifs
Ce sont les frais de scolarité habituels pour les étudiants inscrits à un programme de l’Université Laval.

Les étudiants inscrits à un programme dans d’autres universités québécoises peuvent obtenir les crédits de ce cours grâce à une entente du Bureau de coopération interuniversitaire (autrefois CREPUQ).

Pour les stagiaires étudiants (québécois et étrangers) qui ne désirent pas obtenir les crédits du cours, un montant de 750$ est exigé.

Pour les stagiaires professionnels, un montant de 850$ est exigé.

Inscriptions
Pour réserver une place avant l’ouverture des inscriptions pour la session d’été, les étudiants doivent envoyer un courriel à l’IPAC (ipac@ipac.ulaval.ca) mentionnant leur numéro de dossier et leur programme d’études. Nous les inscrirons nous-mêmes par la suite, dans la mesure des places disponibles. Ils recevront une confirmation de notre part. Après le 27 mars, ils devront s’inscrire eux-mêmes sur Mon Portail. Mais tous doivent au préalable vérifier auprès de leur directeur de programme que ce cours sera contributoire à leur programme.

Les étudiants des autres universités québécoises doivent s’inscrire en ligne sur le site du Bureau de coopération interuniversitaire (www.crepuq.qc.ca). Sur la page d’accueil, ils doivent cliquer sur « Autorisation d’études hors établissement », puis accéder au système en cliquant sur « Étudiant ou étudiante ».

Les stagiaires étudiants et professionnels doivent s’inscrire par courriel (ipac@ipac.ulaval.ca) en ayant soin de joindre un court C.V. Ils devront faire parvenir au bureau de l’IPAC un chèque à l’ordre de l’Université Laval pour le montant qui s’applique.

Le nombre de places est limité.

Bourses, logement et séjour
Tous les frais sont à la charge des participants. Toutefois, l’IPAC négocie présentement avec ses partenaires espagnols et marocains pour obtenir au nom des étudiants un tarif d’hébergement très avantageux. L’IPAC travaille aussi à l’obtention d’un financement qui permettra d’offrir une aide financière aux étudiants.

Le Bureau international de l’Université Laval offre de son côté un nombre limité de bourses de voyage, jusqu’à épuisement des sommes disponibles. Pour plus d’informations sur ces bourses, consultez le site web du Bureau international : https://www.ulaval.ca/international/etudiants-ul/courts-sejours-de-mobilite.html

Pour plus de détails
Pour ceux et celles intéressés à participer à l’école d’été 2019 de l’IPAC, demander à être admis dans le groupe Facebook suivant afin de rester au courant des dernières informations : École d’été de l’IPAC 2019.

 

Références
Aria, M. et Favole, A. 2011. « Passeurs culturels, patrimonialisation partagée, créativité culturelle en Océanie « francophone »», in Ciarcia, G. (dir.). Passeurs de mémoire, miroirs de l’ethnologie. Paris: Karthala.

Braudel, F. 1997. La Méditerranée: L’espace et l’histoire. Paris: Flammarion.

Serre, M. 1990. Le contrat naturel. Paris: François Bourin.

Winter, T. 2015. “Heritage Diplomacy”, International Journal of Heritage Studies, 21, 10: 997-1015.

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