2008 | Colloque de l’IPAC

Forum international des jeunes chercheurs et professionnels en patrimoine

27 et 28 octobre 2008
ICOMOS 2008 Québec
16e Assemblée Générale et symposium scientifique international
Où se cache l’esprit du lieu ? Penser et pratiquer l’esprit du lieu

« Esprit du lieu, es-tu là ? ». C’est ce que nous chercherons à découvrir lors du forum international des jeunes chercheurs et professionnels en patrimoine culturel qui se déroulera le 27 et 28 septembre 2008 à Québec (Canada) lors de l’assemblée générale d’ICOMOS. Ce forum propose une réflexion sur la question de l’esprit du lieu dans la sauvegarde, la construction et la mémoire du patrimoine dans le but d’enrichir la déclaration de Québec. Il réunira des jeunes chercheurs et professionnels – c’est-à-dire des diplômés depuis moins de cinq ans – de tout horizon disciplinaire (architecture, urbanisme, géographie, ethnologie, histoire, arts et lettres, etc.) concernés par cette question. Leurs expériences apporteront un regard nouveau sur l’esprit du lieu. Cette rencontre se veut un lieu d’échanges, de diffusion et d’enrichissement de connaissances entre les jeunes chercheurs et les jeunes professionnels et servira de pont avec le congrès d’ICOMOS international qui suivra.

Dans les réflexions qui portent sur la question du patrimoine, nous assistons depuis quelques années à la sauvegarde et la valorisation des patrimoines matériel (sites, bâtiments, artefacts) et immatériel (récits oraux, mémoires, rites, fêtes, savoir-faire). La question de la mise en valeur de la dimension immatérielle du patrimoine s’inscrit dans la continuité de ces réflexions. Aussi, l’objectif premier du forum des jeunes chercheurs et professionnels en patrimoine culturel se consacre au questionnement relatif à la manière d’inscrire l’esprit du lieu dans la démarche de patrimonialisation.

Thématique

La question de l’esprit du lieu demeure centrale dans la mise en valeur et la mise en scène du patrimoine tant matériel qu’immatériel. En d’autres termes, les débats toucheront le coeur même de ce processus lors des réflexions portant sur la manière de rendre visible le sens du lieu. Quel serait par exemple le sens d’un paysage de décors artificiels cherchant à attirer les foules sans tenir compte d’un fond symbolique, du genius loci ? Quel esprit du lieu transmettrait-on alors ? L’esprit du lieu ne se définit pas de manière équivoque et il reste difficile de définir en quoi il consiste. C’est précisément l’étendue des paramètres qui le composent, tels que l’histoire, les traces des croyances, les actions qui s’y sont déroulées, les activités qui s’y tiennent, les gens qui y vivent, ainsi que la complexité et l’unicité de chaque situation patrimoniale qui seront au centre des discussions tout au long de ce forum.

Par ailleurs, si le lieu dégage lui-même un esprit, il ne se transmet pas de la même manière auprès de chacun. En effet, chacun le reçoit en fonction de ce qu’il est, de ce qu’il vit et de ce qu’il a vécu, de sa culture, de son identité, voire de ses prédispositions du moment ou de son état intérieur. Tel est le cas de l’esprit du lieu construit par le touriste comparé à celui vécu au quotidien par les habitants. À ce sujet, un touriste n’aura pas les mêmes perceptions d’un lieu qu’un autochtone, et ce sur trois dimensions spécifiques : il ne partage pas une même mémoire du lieu, la pratique du tourisme peut dégrader l’esprit du lieu tout comme elle peut encourager sa sauvegarde. Pour ces raisons, il n’existe pas un mais des esprits du lieu.

À l’instar du tourisme, les pratiques religieuses, les migrations, la mondialisation, entre autres, sont autant de facteurs illustrant la complexité de l’appréhension de l’esprit du lieu. Relevons encore que l’esprit du lieu n’est pas figé, mais qu’il évolue continuellement. Autrement dit, il se construit de manière permanente par les relations qu’entretiennent les personnes qui font face à ce patrimoine et qui, d’une certaine manière, l’habitent. Réfléchir à la patrimonialisation, c’est donc prendre en considération tous ces éléments.


Lumière sur une présence oubliée : Les Huguenots en Nouvelle-France

De mai à novembre 2008
Musée de l’Amérique française, Complexe muséal du Musée de la Civilisation, Québec.

Responsables du projet : Marc Pelchat, titulaire de la Chaire Monseigneur de Laval et Marie-Claude Rocher.

Pour des raisons diverses, principalement d’ordre politique et identitaire, la colonisation de la Nouvelle-France a longtemps été perçue comme la création, en terre d’Amérique, d’une société uniformément catholique, francophone et royaliste, portrait épuré et idéalisé de la France alors déchirée par les guerres de religion. Or, si les conflits armés que connaissait la mère patrie n’avaient pas cours dans la colonie, ils s’y reflétaient néanmoins dans le quotidien de la société émergeante, tant dans les entreprises commerciales que dans la fondation des établissements permanents. La présence des huguenots – ces Français de religion Réformée ou calviniste – et leur rôle dans l’histoire de Nouvelle-France sont encore aujourd’hui très peu connus.

En fait, de nombreux personnages fondateurs de la colonie sont d’origine huguenote, dont Philippe de Chabot, qui finança le voyage de Jacques Cartier en 1534, Jean-François de la Rocque de Roberval, l’amiral de Coligny, assassiné lors du massacre de la Saint-Barthélemy, Pierre Chauvin, Pierre Du Guas des Monts, fondateur de Port Royal, Hélène Boullé, la jeune épouse de Samuel de Champlain qui se convertit au catholicisme deux ans plus tard, les frères de Caen, qui détenaient le monopole de la traite des fourrures jusqu’en 1627.

Protégés, théoriquement, par la promulgation de l’Édit de Nantes en 1598 qui officialisait le culte protestant en France, les huguenots constituent une part relativement importante de l’émigration française, mais perdent tous leurs droits civiques lors de la révocation de l’Édit en 1685. Interdits de culte, d’éducation et d’exercice de tout poste civil, de nombreux huguenots s’intègrent alors dans la majorité catholique. Mais certains résistent et entrent dans une clandestinité active, comme le démontre la correspondance des évêques se plaignant de la trop grande présence protestante en Nouvelle-France.

Gouverneurs puissants ou marchands persécutés, pratiquants discrets d’une foi devenue illicite, tour à tour tolérés, interdits, marginalisés ou acceptés, les huguenots d’Amérique ont une histoire complexe qui reste généralement inconnue.

À l’occasion des fêtes du 400e anniversaire de la fondation de Québec, le Musée de l’Amérique française offre au public québécois une exposition portant les huguenots en Nouvelle-France. Accompagnée d’un cycle de conférences, cette exposition offrira au visiteur dès le printemps 2008 un bref coup d’oeil sur ce groupe minoritaire présent dans l’histoire du Québec mais absent de sa mémoire.

L’objectif est double ; il s’agit tout d’abord de présenter et de faire connaître un aspect de l’histoire du Québec qui est généralement méconnu mais qui, avec l’attention renouvelée portée au patrimoine religieux comme à celui des minorités, suscite un intérêt croissant. Puis de proposer au public l’occasion de réfléchir sur les larges phénomènes que sont l’appartenance sociale et religieuse, la relation à l’«autre» et le positionnement des minorités dans l’histoire et dans la mémoire d’une collectivité, dans le passé comme dans le contexte contemporain.

Faire connaître l’histoire d’un groupe minoritaire, c’est exposer la différence. La présence des huguenots en Nouvelle-France ne peut se comprendre qu’en rapport à celle des français catholiques et des anglais protestants. Les différentes composantes de ce projet sont conçues pour faire comprendre aux publics touristique, scolaire et culturel, les contrastes et les similitudes de culte, de culture et de vie.

Le projet sur les huguenots en Nouvelle-France est une collaboration de l’Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval, du Musée des Ursulines de Québec et du Complexe muséal du Musée de la civilisation avec l’aide de l’Université de Pau et des pays de l’Adour, de l’Université de La Rochelle et du Musée Jeanne d’Albret (France).

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